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Poussé par le désir d’être utile et d’œuvrer à une société plus juste, Saïd crée Iris Formation en 2001.

Dix ans après le lancement du Collectif KifKif, son travail au plus près du terrain, sa capacité de réflexion et de prise de recul font de Saïd Zamoussi un expert incontournable de la question des discriminations dans les Hauts-de-France.

Saïd Zamoussi

Saïd Zamoussi est le fondateur et le directeur de l’association Iris Formation qui a créée et porte encore le Collectif KifKif.

Titulaire d’un Master en psychologie du travail, il accompagne l’insertion professionnelle de diplômé·es et des primo-arrivant·es depuis 2001. Dès la création du Collectif à son initiative en 2012, il accompagne aussi les victimes de discrimination, tout en alertant les pouvoirs, l’opinion publique et les plus jeunes à travers le volet prévention. Avec pédagogie, calme et détermination, Saïd pose les constats, rend compte des témoignages recueillis et des résultats obtenus lors des opérations de testing menées par le Collectif.

Saïd ne s’en cache pas : son engagement est directement lié à son parcours personnel et aux expériences qu’il a lui-même vécu… et qu’il a pu retrouver, étrangement similaires, dans les récits de nombreuses personnes qu’il a accompagnées.

Un sens profond
de la justice

De son enfance et de sa jeunesse au Maroc, Saïd garde deux choses principales : l’attachement à sa famille, modeste et aimante, et un sentiment de révolte contre les injustices. Dans un contexte où les rapports de classe sont d’une grande violence, Saïd est témoin très jeune des souffrances de celles et ceux qui n’ont pas toujours de recours face aux humiliations subies.

Naturellement empathique face aux situations de détresse, Saïd se débat avec un sentiment d’impuissance et brave les interdits en exprimant haut et fort ses opinions. Cette tendance ne le quittera plus.

Un parcours exemplaire… mais pas de travail à la clé !

Après deux années d’études en littérature anglaise à l’Université de Casablanca, il arrive à Bruxelles en 1997, pour étudier le Cinéma. Si rien ne se passe comme prévu du côté de la fac, Saïd apprend vite deux choses qui lui deviendront essentielles : le français et la débrouille !

Un an plus tard, alors qu’il rêvait de partir pour les États-Unis, le hasard des rencontres le conduit finalement à Lille. Il reprend alors des études en psychologie du travail au CNAM et se passionne pour cette discipline. En parallèle, il obtient un emploi d’éducateur sportif à la maison d’arrêt de Loos, et constate que de nombreuses personnes incarcérées sont issues de l’immigration et qu’elles relient souvent leur situation au manque d’opportunités professionnelles… C’est au moment de la recherche d’un emploi à hauteur de ses qualifications que débutent pour Saïd les années de galère. Malgré ses compétences et ses expériences, malgré des entretiens réussis, son embauche se trouve bloquée sans raison valable à plusieurs reprises.

De la prise de conscience
à la décision d’agir

Au départ, Saïd ne fait pas forcément le lien entre ses difficultés d’insertion et ses origines marocaines. Mais peu à peu, en prenant du recul, il comprend que des processus discriminatoires sont sans doute à l’œuvre. Pour lui, qui adhère pleinement au modèle républicain et aux valeurs de la devise française, cette contradiction entre le discours et les pratiques est une véritable claque. Dès lors, l’expérience résonne avec les récits collectés en maison d’arrêt, mais aussi avec les difficultés d’insertion qu’il observe auprès d’autres diplômé.es d’origine étrangère.

Il comprend aussi l’impact psychologique profond, et potentiellement destructeur, de ces expériences de discrimination. Cependant, Saïd refuse de s’enfermer dans la victimisation et le renoncement. En attendant des jours meilleurs, il fréquente un cyber-café du quartier de Wazemmes, dans lequel il commence à aider les autres dans leurs diverses démarches. Peu à peu, Saïd comprend qu’il a intérêt à créer son emploi plutôt que de chercher à être recruté. Poussé par le désir d’être utile et d’œuvrer à une société plus juste, Saïd crée Iris Formation en 2001. De cette association-mère naîtra quelques années plus tard le Collectif KifKif.

Exprimer un soutien et une compréhension sans faille du vécu des victimes de discrimination, informer et titiller les consciences, mobiliser et fédérer les partenaires, remettre sans cesse les constats sur le tapis pour susciter le débat et faire que la question des discriminations reste à l’ordre du jour : voilà à quoi Saïd s’emploie chaque jour. Dix ans après le lancement du Collectif KifKif, son travail au plus près du terrain, sa capacité de réflexion et de prise de recul ainsi qua sa ténacité font de Saïd Zamoussi un expert incontournable de la question des discriminations dans les Hauts-de-France et au-delà.

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